L'artisan a une idée en tête au départ : il pense par exemple a créer une table à quatre pieds de bois, mais il s'apperçoit qu'il n'a pas assez de rondins de bois pour pouvoir mettre quatre pieds à sa table. Apres reflexion, il décide de créer une table à trois pieds et trouve son idée bien meilleure puisqu'elle est plus originale qu'elle ne l'était au départ. Les idées viennent à l'artisan, à tel ou tel moment de son travail mais pas dans la continuité comme chez l'artiste . Et encore..... il est vrai que dans l'oeuvre, l'artisan rectifie souvent son idée quand il essaie de la réaliser, pour en trouver une meilleure qu'il avait pensé au départ; donc il est artiste, parce que l'idée lui vient au cours de son travail, mais par illuminations . Et encore est-il vrai que l'oeuvre souvent, même dans l'industrie, redresse l'idée en ce sens que l'artisan trouve mieux qu'il n'avait pensé dès qu'il essaie ; en cela il est artiste, mais par éclairs . S'il n'est pas le premier à tenter de fixer par l'écriture l'illumination provoquée par l'apparition d'une femme séduisante, si Nerval ou Baudelaire l'ont précédé, René Char, poète de l'instant fugitif, évoque dans son œuvre plusieurs figures féminines éphémères. C'est le cas dans un bref poème en prose intitulé « Congé au vent », tiré du recueil Seuls demeurent, écrit durant la Seconde Guerre mondiale: la rencontre d'une jeune fille mystérieuse dans un cadre rustique, tel est bien au premier abord le sujet de ce poème. Nous analyserons comme le récit de Char met en valeur cette rencontre, avant d'être attentif à ce qui, dans le texte, nous éloigne d'une interprétation d'ordre anecdotique et