Philosophie : le devoir de vérité
1) Il est des vérités qu'on n'a pas le droit de taire.
Il existe des vérités pour lesquelles ce serait une faute que de se taire. Comment appelle-t-on la vertu qui consiste à dire la vérité quand on la connaît ? André Comte-Sponville l'appelle la bonne foi. L'homme de bonne foi dit ce qu'il pense être vrai (à tort ou à raison) et pense vrai ce qu'il dit. C'est l'homme sincère.
Or, on oppose ordinairement la sincérité à l'hypocrisie et au mensonge, termes qui ont une connotation négative au plan moral. S'il est vrai que la philosophie est l'amour de la vérité, cette vertu semble être la vertu philosophique par excellence.
Il est clair qu'il est des cas où ne pas dire la vérité est une lâcheté et la dire une forme de courage. C'est ce que souligne Sartre. Présentant la revue Les Temps Modernes, Sartre souligne le devoir de vérité de l'écrivain qui se doit de dénoncer tout scandale qu'il connaît au point que le silence est une sorte de complicité du crime : " L'écrivain est en situation dans son époque : chaque parole a des retentissements. Chaque silence aussi. Je tiens Flaubert et Goncourt pour responsables de la répression qui suivit la Commune parce qu'ils n'ont pas écrit une ligne pour l'empêcher. Ce n'était pas leur affaire dira-t-on ? Mais le procès de Calas, était-ce l'affaire de Voltaire ? La condamnation de Dreyfus, était-ce l'affaire de Zola ? L'administration du Congo, était-ce l'affaire de Gide ? Chacun de ces auteurs, en une circonstance particulière de sa vie, a mesuré sa responsabilité d'écrivain. " (Situations, II) Ainsi, la responsabilité de l'écrivain est de dire la vérité quand il la connaît.
Dans bien des circonstances, nous reprochons aux hommes d'avoir tu quand ils savaient. Quand les responsables d'EDF ont tu la vérité sur le nuage radioactif issu de l'accident de Tchernobyl survolant le territoire français, nous avons crié au scandale. Le mensonge d'État (fût-il par omission) nous révolte et quand la vérité éclate