Philosophie/litterature
Pascal peut être considéré comme un penseur tragique. Il est celui qui pense que la marque de la vérité est dans la répugnance et la contradiction et donc, que dans la quête de la vérité, il faudra non seulement accueillir des affirmations opposées et les maintenir ensemble, mais les tenir pour vraies, ce qui nous oblige à exiger un ordre plus haut qui les fonde, à savoir l’ordre divin. La raison a donc son commencement non pas dans une lumière d’évidence où elle se saisirait –contre Descartes- mais dans une obscurité qui n’est pas elle-même manifeste. Voilà bien les contradictions où nous sommes, le malheur de notre pensée. De cette dimension tragique de l’existence, de la contradiction et du malheur humain, il est question dans les pensées qui nous occupent. Tout le texte est bien construit sur cette dimension de la contradiction mettant clairement en évidence la duplicité, la dualité de l’existence humaine. Cherchant à établir ce qui fait la spécificité humaine, Pascal en vient à considérer l’homme comme un être intermédiaire compris entre la misère et la grandeur ; il est sous le signe de la faiblesse mais il peut, du moins doit-il s’y efforcer, échapper à celle-ci, tenter de la dépasser. Comment ? Ne serait-ce pas en faisant usage de ce qui lui est propre, à savoir la pensée ? Pris entre le sensible et l’intelligible, ne doit-il pas, moralement, rejoindre son origine divine ? C’est bien cette thématique que Pascal étire, déploie au long de ces pensées, proposant des énoncés fondés sur une structure d’opposition et de retournement, opposition de l’humain et naturel d’abord avec la distinction établie entre l’homme et l’arbre, distinction entre le corporel et le spirituel ensuite, opposition, enfin, entre l’humain en ce qu’il relève de la nature et de l’humain en ce qu’il dépasse cet ordre. Ce dépassement doit nous conduire à une exigence proprement morale.