On considère communément la science comme la forme la plus rigoureuse (au plan théorique) et la plus efficace (au plan pratique) de connaissance, en considérant toutes les autres formes traditionnelles de savoir et de savoir-faire comme inférieures et dépassées au regard des possibilités sans cesse renouvelées que la rationalité scientifique offre à l’humanité. Qu’on songe à la médecine ou à la justice, on s’en remet en fin de compte à des « experts » dont l’autorité se fonde sur la maîtrise de démarches rationnelles et hypothético-déductives censées être « scientifiques ». Mais si la connaissance scientifique constitue une norme sur le plan intellectuel et théorique, est-elle pour autant la seule et unique forme de connaissance recevable ? Ne peut-on pas considérer que son caractère historique tardif impose de considérer à leur juste valeur les autres sources et types de connaissance que les hommes ont développés au cours de leur histoire ? Comment alors faut-il penser le rapport entre la connaissance scientifique, qui reste encore à définir clairement, et l’ensemble des connaissances accumulées par les hommes hors du cadre théorique des sciences tel qu’il existe et s’impose désormais universellement ? Nous verrons ainsi en premier lieu les avantages de la connaissance tirée de la science, notamment à travers ses critères objectifs, puis nous nous intéresserons aux différentes formes de la connaissance humaine, pour enfin nous pencher sur
I/ La connaissance scientifique comme modèle de vérité et d’objectivité
L’opinion commune considère la connaissance scientifique comme le modèle de la connaissance vraie. Ce qui relève de la science passe pour incontestable. Mais ce culte de la science (Nietzsche, Gai Savoir, livre V, § 344), qui a tout au plus quelques siècles, n’a lui-même que peu de rapports avec la réalité de la démarche scientifique. S’il y a connaissance scientifique, encore faut-il s’entendre sur ce dont il s’agit.
La science est d’abord une démarche :