C'est ce paradoxe que nous tenterons d'étudier en commençant par une première partie où nous aborderons l'aspect inutile et autonome de l'art. Puis nous chercherons àidentifier ses effets les plus immédiats non seulement sur l'observateur mais aussi sur le créateur lui-même. Enfin nous nous demanderons si l'art est nécessaire et à quoi il sert vraiment.
Les médias nous le rappellent souvent : l'art ne sert à rien et en plus il coûte cher à la société. Répondre non apparaîtrait alors comme une réponse vulgaire et galvaudée. Bien sûr l'art ne satisfait aucunbesoin primaire (boire, manger, dormir) ni même secondaire ou tertiaire. Cependant l'Homme est agité par autre chose que par ses besoins basiques. Il convient donc de creuser un peu la question.
Commençons tout d'abord par le vrai détracteur de l'art et de la poésie à savoir Platon. Les artistes sont chassés de sa République car ils éloignent le peuple de la vérité et donc le pervertissent. L'artn'est qu'illusion car il est une représentation de ce qui est déjà une représentation : les objets réels sont des représentations imparfaites des Idées. Le procédé mimétique qui est propre à l'art de son époque et à la poésie ne créé pour lui qu'une apparence factice, illusoire qui n'a pas d'existence réelle. Ainsi pour lui l'art ne sert véritablement à rien car il n'est que fausseté. Pourtant,beaucoup d'artistes actuels n'utilisent plus le procédé mimétique dans leur travail, et leur activité est toujours de l'art. Donc, non seulement la théorie de Platon a ses limites mais en plus elle ne correspond plus du tout à l'art de notre époque. La contestation de ce point de vue radical ne prouve pas pour autant que l'art serve bien à quelque chose. Prenons par exemple les formes d'art quiservent très directement à quelque chose sont par conséquent univoques, ennuyeuses, voire dangereuses (je pense ici à peinture de propagande par exemple). Elles n'évoquent rien de plus que ce qui y est présenté et confinent le spectateur dans une seule voie. Pour Hegel dans Esthétique, la liberté définit l'art, ce qui suppose que l'art doit se détacher de tout asservissement quel qu'il soit. Le belart selon Hegel n'est possible que si l'artiste fait preuve d'autodétermination et qu'il créé librement.
De plus si on considère l'évolution que l'art moderne a connu, on constate qu'il s'est dirigé vers toujours plus d'autonomie. Par exemple l'invention de la photographie à libéré les artistes d'un art "de mémoire" qui servait à fixer un visage ou un lieu pour qu'il traverse le temps (lesportraits d'art d'aujourd'hui n'ont plus tout à fait cette fonction). L'œuvre ne sert plus à imiter fidèlement le réel. L'art abstrait en est une bonne illustration. Les œuvres abstraites semblent autonomes et ne remplissent aucune fonction évidente, mais c'est justement parce qu'elles sont détachées de toute contraintes autres que celles de l'artiste lui-même qu'elles sont puissantes. Les sculptures...