Philosophie
La langue et les signes (F. de Saussure)
Nous avons acquis une certaine idée de la complexité du rapport que la philosophie entretient avec le langage. Je remets en scène brièvement cette complexité :
Alors que le langage des langues, que nous parlons, nous membres d’une communauté linguistique, se présente à notre attention comme la matrice même de l’humain et de la pensée, la philosophie dans sa vocation à la science tend à privilégier, au sein du complexe langagier, sa part logique, son aptitude à la science, au détriment de sa totalité politique, linguistique, poétique, rhétorique.
C’est pourquoi « philosophie du langage » ne signifie pas d’abord, au sens premier du terme, contre toute attente, une philosophie mobilisée par la « question du langage », comme elle le sera tardivement, avec Nietzsche et quelques autres anti-philosophes ou « nouveaux philosophes » (selon l’expression de Nietzsche lui-même) – Heidegger, Derrida - dans ce mouvement contemporain, décrit par M. Foucault, comme celui du « retour du langage » :
1. « Qu’est-ce que le langage ? qu’est-ce qu’un signe ? (…)Toute la curiosité de notre pensée se loge maintenant dans la question : qu'est-ce que le langage ? » (M. Foucault, « Le retour du langage », Les mots et les choses, Gallimard, 1966, p. 317).
Mais « philosophie du langage » désigne la réflexion déployée par la philosophie pour s’assurer la maîtrise de ses moyens de connaissance.
Un moment important dans l’histoire de cette philosophie du langage, stricto sensu, est marqué par l’éviction du langage dit « ordinaire » au profit d’une logique, qui n’est plus la logique classique des syllogismes mais qui met en œuvre un symbolisme dégagé (en apparence au moins) du linguistique.
Ainsi le philosophe et mathématicien allemand Gottlob Frege (1848-1925), qui est contemporain du philosophe qui aime les langues, philosophe-philologue Nietzsche, - les deux voies dans l’approche