Philosophie
La date de la mort de Proclus, le dernier grand néoplatonicien, est fixée en 485 et l’empereur Justinien fait fermer la dernière école néoplatonicienne en 526. Mais la philosophie néoplatonicienne se prolonge immédiatement dans les Pères de l’Église dont saint Augustin est l’un des plus grands. Avant de prendre le statut de religio, le christianisme a prétendu à celui de vera philosophia. Son originalité a été d’exprimer en termes philosophiques une tradition venue de la culture hébraïque où la vérité se cherche moins par la raison qu’elle ne se trouve par révélation, notamment à travers des Écritures fondatrices qui mettent en scène la vérité de façon figurée. L’image du Christ, Logos vivant, montre, révèle ce qui ne peut être dit. Il est Logos et Sophia, Verbe et Sagesse.
Augustin a été païen avant d’être chrétien. Adolescent passionné, sensuel, père à l’âge de 17 ans, il a connu les conflits du désir et les tourments de l’insatisfaction de l’homme qui ne s’est pas trouvé soi-même. Pour parvenir à soi, il faut renoncer à l’amour de soi compris comme autosuffisance fictive : coupé du fondement divin, l’amour de soi enchaîne le moi à sa propre vanité. Cet orgueil de l’homme qui prétend se fonder lui-même, être pour lui-même son Dieu, est la source même du péché. Mais, dès que l’amor sui est référé à Dieu, s’inscrit dans l’ouverture à la Transcendance, il prend un sens positif, s’aimer soi-même ouvrant la relation à soi-même et à l’autre en vérité. Seule la connaissance de Dieu permet l’accès à la vérité, à la compréhension de soi-même et du monde. Le devenir humain illustre l’affrontement constant entre une Cité céleste (celle de l’amour de Dieu) et une Cité terrestre (celle de l’amour de soi), dont l’issue appartient à Dieu seul. […]
La philosophie médiévale est aussi celle du monde arabe. Il naît en terre musulmane un besoin, similaire à celui qui préoccupe l’Occident, de fonder rationnellement le dogme religieux. C’est à partir