Philosophie
Yann Lebatard 4 janvier 2012
I
I.A
Introduction
Problématique
Èpictète, le philosophe stoïcien, affirme dans son livre le plus connu, Manuel : « Il y a des choses qui dépendent
de nous et d’autres qui ne dépendent pas de nous ». Par cette phrase simple et semble-t-il évidente, il nous invite à prendre le temps de réfléchir à ce qui dépend réellement de nous et donc à ne pas laisser notre attention se détourner de ce qui nous est réellement accessible. Nous avons vu, en effet, dans le cours sur les désirs qu’il était facile de nous laisser entraîner par des désirs inutiles et futiles, en raison de leur nature mimétique, au détriment de nos besoins et nos désirs personnels. Cette distinction entre ce qui dépend de nous, et ce qui ne dépend pas de nous, pourrait nous laisser croire que notre bonheur est accessible, que nous pouvons faire quelque chose pour devenir heureux. Il suffirait alors d’utiliser correctement notre intelligence et notre volonté pour trier parmi nos désirs ceux qui sont réalisables et sains pour nous, et ainsi trouver une direction sûre à suivre pour être heureux. Pourtant, la maladie d’un proche que nous subissons souvent de manière inattendue, ou à l’inverse, l’heureux ensoleillement d’une rencontre amicale ou amoureuse imprévisible, viennent remettre en question cette croyance. Nous pourrions en effet tout aussi bien croire que le malheur et le bonheur ne sont pas totalement des choses qui dépendent de nous. Nous pouvons en effet tous constater qu’ils arrivent parfois malgré nous. D’ailleurs, le sens étymologique de l’adjectif heureux nous rappelle qu’il désigne « celui qui bénéficie d’un destin favorable », c’est-à-dire celui qui est favorisé par le destin. Or justement, la notion de destin, au sens de fatalité, désigne bien « ce qui arrive malgré nous », comme si les choses étaient écrites déjà quelque part et que nous ne pouvions pas faire autrement que de les subir. Alors, le bonheur est-il en mon