Photo obsession
Décembre
Hors champ
CAHIERS JUNGIENS DE PSYCHANALYSE – 116
Penser, malgré tout, dans la peau de Sy Parrish
Laurent Meyer* - Paris
« Et j’ai laissé couler mes pleurs, mes pleurs, Car parmi tous ces souvenirs, Ceux de l’enfance sont les pires. Et puis j’ai tout retrouvé, hélas. » Barbara.
L’art est sans doute une des voies qui permet, par sa dimension de création personnelle et de rapport au collectif, de chercher ce qui peut se rejouer dans l’actuel, et se dire de ce qui se jouera demain. Le peu que je connais de l’art dit moderne me laisse le plus souvent avec un sentiment de colère et d’abus, et les concepts qui l’expliquent parfois arrivent tout au plus à tenir cette colère à distance, sans en modifier profondément la nature. Autant je peux comprendre que cette forme d’expression artistique soit comme « un symptôme et un symbole de cette atmosphère de fin [...] du monde 1 » dont parle Jung, autant je ne peux y percevoir ni symptôme ni symbole de renouvellement. J’ai par contre découvert, grâce à la rencontre avec certains films et avec certains auteurs, que mon rapport au cinéma n’était pas constitué seulement par la distraction, mais qu’il y avait là une forme d’expression qui pouvait être pour moi la source d’un écho très fort, et qui, malgré des affects parfois violents, ne sidérait pas ma pensée, mais souvent, au contraire, me poussait à une tentative d’élaboration et d’interprétation qui – parfois au prix de voir et de revoir – modifiait l’affect en lui donnant accès au sens. Le cinéma, en tant qu’il reflète les mythes modernes, mettant en scène des drames collectifs et individuels, est un éclairage qui s’est à plusieurs reprises imposé à moi comme une amplification de situations cliniques. « Dans de nombreux cas en psychiatrie, le malade a une histoire qu’on ne raconte pas et qu’en général personne ne connaît. Pour moi, la véritable thérapie ne commence qu’une fois examinée l’histoire personnelle. Celle-ci représente le