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Tout aussi misérables sont les prostituées qui confient leurs enfants à Madame Rosa, leur maternité devant être clandestine sous peine de se voir retirer la garde de l'enfant. Exploitées par les hommes, leurs "proxynètes" qui les traitent le plus souvent comme des marchandises, à "délocaliser" si le marché s'avère plus lucratif ailleurs, "On a eu un cas de chantage quand un proxynète qui était un vulgaire maquereau a menacé de dénoncer un enfant de pute à l'Assistance, avec déchéance paternelle pour prostitution, si elle refusait d'aller à Dakar" ; brutalisées par leurs clients (comme Madame Lola, le travesti) mais aussi persécutées par un système qui leur interdit d'élever leurs enfants, "Moi j'ai vu chez nous des mères pleurer, on les avait dénoncées à la police comme quoi elles avaient un môme dans le métier qu'elles faisaient et elles mouraient de peur." témoigne Momo, les prostituées sont condamnées par la société avant même d'avoir été entendues.
Le roman, là encore est très près des réalités du temps, dénonce l'hypocrisie d'une société qui condamne et interdit d'un côté, ce dont elle use par ailleurs. Et la phrase de Hugo définissant le statut de Fantine ("Qu'est-ce que cette histoire de Fantine ? C'est la société achetant une esclave."), n'a en 1970, rien perdu de sa justesse. En 1975, justement, les prostituées vont s'organiser et revendiquer un minimum de droits : le 2 juin les prostituées lyonnaises descendent dans la rue, leur porte-parole s'appelle Ulla.
Leçon de tolérance, le roman apprend à voir les autres,(femmes, vieux, travestis, travailleurs