physique des êtres et des choses dans un espace homogène, on peut considérer que ces deux objectifs reçoivent un début de réalisation à la fois dans la peinture du début du Trecento en Italie, l’art de Giotto paraît à cet égard exemplaire, et dans la peinture qui naît en Bourgogne et en Flandre au XVe siècle. Cet ars nova qui témoigne d’un sens nouveau pour l’observation, s’attache à la représentation individuée d’hommes inscrits dans leur cadre quotidien, exécutant des tâches quotidiennes.
Ainsi l’Europe choisit-elle de mettre l’accent sur l’identité individuelle de l’image, du prototype, de l’artisan/artiste et du destinataire en développant deux aspects : la représentation d’une nouvelle forme d’expression psychologique qui traduit les états intérieurs du sujet, et l’imitation de la nature, c’est-à-dire la représentation des contiguïtés matérielles au sein du monde physique qu’on observe, analyse et décrit pour lui-même – on sait l’importance croissante que prendra l’art du dess(e)in dans la réalisation de cet objectif …

« Item perspectiva est mot latin signifiant vision traversante (Durchsehung). »

C’est en ces termes qu’Albrecht Dürer a cerné le concept de perspective, faisant remarquer que ce « mot latin » se trouve déjà chez Boèce. Dans ces deux passages la perspectiva est définie comme une discipline annexe de la géométrie. Le mot ne semble pourtant pas avoir eu dès l’origine un sens aussi prégnant. En fait, rappelle Panofsky, ce terme ne dérivait pas du mot perspicere pris au sens de « voir au travers », mais de perspicere pris au sens de « voir distinctement », de sorte que le terme remonterait à une traduction littérale du mot grec οπτικη, et qu’il désigne une théorie mathématique de la vision, non une méthode mathématique de représentation graphique. L’explication qu’en donne Dürer prend déjà appui sur la définition moderne et sur la construction du tableau entendu comme la section de la pyramide visuelle.