Phèdre acte 1 scène 3
Racine (1639-1699) Acte I Scène 3 1677
Thème littéraire traditionnel, l'amour se décline au théâtre dans les genres de la comédie et de la tragédie, en jouant sur les registres: comique, pathétique, lyrique, il se prête à toutes les variations; il fonde également l'intrigue. Ainsi, le thème de l'amour est au centre de cette tirade où Racine met en scène l'aveu de Phèdre à sa confidente Oenone, celui de son amour tenu secret pour Hyppolyte, dont elle raconte la naissance et l'évolution.
En quoi la passion de Phèdre relève-t-elle du tragique? Nous nous intéresserons dans un premier temps aux effets de la passion vécue comme une possession et une métamorphose, puis nous verrons en quoi cette passion est fatale; enfin nous nous pencherons sur la représentation des tourments d'une conscience lucide.
I La possession et métamorphose par la passion
La passion est vécue comme une possession et une métamorphose; en effet, son emprise implique une dépossession, l'amour est associé à une obsession et se traduit sous la forme contradictoire de la haine.
a) La dépossession de soi
La passion se présente comme une emprise physique et morale qui se manifeste par des troubles du corps, lequel subit une sorte de paralysie, de pétrification lors du coup de foudre initial: « Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ». Le lexique de la maladie, dont les noms formant le chiasme « D'un incurable amour remèdes impuissants » au vers15 traduit cette possession, qui s'accompagne de réactions contradictoires montrées par l'emploi d'antithèses « je rougis, je pâlis », « et transir et brûler ». Aux troubles du corps s'ajoutent ceux de l'âme et de la raison, manifestés par la confusion, qui mêle des attitudes opposées : « j'implorais », « j'adorais » et par le lexique de la folie comme nous le montre le complément d'objet direct « ma raison égarée » v14.
b) L'amour est associé à une obsession
De plus, la passion donne au sentiment amoureux l'aspect d'une