piegespourcendrillon
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©1965
2012 membre de la Team Alexandriz
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J’AURAI ASSASSINÉ
Il était une fois, il y a bien longtemps, trois petites filles, la première Mi, la seconde Do, la troisième La. Elles avaient une marraine qui sentait bon, qui ne les grondait jamais lorsqu’elles n’étaient pas sages, et qu’on nommait marraine Midola.
Un jour, elles sont dans la cour. Marraine embrasse Mi, n’embrasse pas Do, n’embrasse pas La.
Un jour, elles jouent aux mariages. Marraine choisit Mi, ne choisit jamais Do, ne choisit jamais La.
Un jour, elles sont tristes. Marraine qui s’en va, pleure avec Mi, ne dit rien à Do, ne dit rien à La.
Des trois petites filles, Mi est la plus jolie, Do la plus intelligente, La est bientôt morte.
L’enterrement de La est un grand événement dans la vie de Mi et de Do. Il y a beaucoup de cierges, beaucoup de chapeaux sur une table. Le cercueil de La est peint en blanc, molle est la terre du cimetière. L’homme qui creuse le trou porte une veste à boutons dorés. Marraine Midola est revenue. À Mi qui lui donne un baiser, elle dit : « Mon amour. » À Do : « Tu taches ma robe. »
Passent les années. Marraine Midola, dont on parle en baissant la voix, habite loin, écrit des lettres avec des fautes d’orthographe. Un jour, elle est pauvre et elle fait des chaussures pour les dames riches. Un jour elle est riche et elle fait des chaussures pour les dames pauvres. Un jour, elle a beaucoup d’argent et elle achète de belles maisons.
Un jour, parce que grand-père est mort, elle vient dans une grande auto. Elle fait essayer à Mi son beau chapeau, elle regarde Do sans la reconnaître. Molle est la terre du
cimetière, et l’homme qui la jette dans le trou de grandpère porte une veste à boutons dorés.
Plus tard, Do devient Dominique, Mi une Michèle lointaine qu’on voit parfois aux vacances, qui fait essayer à sa cousine Do ses belles robes d’organdi, qui attendrit tout le monde dès qu’elle