« Peut-on considérer Pierre et Jean comme un vrai roman ? » Dissertation : Un notaire annonce à une petite famille tranquille, les Roland, qu’un ami lègue toute sa fortune au fils cadet Jean : c’est par cet événement en apparence anodin que Maupassant lance l’action dans Pierre et Jean. Il situe son récit dans un lieu qu’il connaît bien, celui du port du Havre et de ses bateaux, et à une époque qui lui est aussi familière, car il s’agit de la sienne. La lecture de cette histoire à l’intrigue très simple provoquera, chez le lecteur, une série d’interrogations. Pourquoi une telle fin ? Pourquoi si peu d’action ? Pourquoi n’y a-t-il pas plus d’émotions, d’aventure,... bref, Pierre et Jean est-il vraiment un roman ? Doit-on au contraire s’imaginer que Guy de Maupassant, soumis à l’influence des naturalistes, désire faire quelque chose d’original et de différent ? Peut-on alors considérer qu’il y parvient ici ? Dans un premier temps, nous verrons quels sont les éléments qui nous poussent à considérer cette œuvre comme romanesque. Ensuite, nous tenterons de déterminer ceux qui, au contraire, nous éloignent de cette idée. Enfin, nous pourrons nous interroger sur le succès ou l’échec de l’entreprise de Maupassant, et sur notre façon de juger Pierre et Jean, en définitive. Il est facile de présenter Pierre et Jean comme un roman car tous les éléments traditionnels du roman se retrouvent dans ce livre. Tout d’abord, nous avons bien un personnage central, un héros, qui est Pierre, le fils aîné. Presque toute l’histoire nous est racontée à travers son regard, regard désespéré de perdant frustré et incapable de communiquer avec les autres. Il se console de cette incapacité avec la bière de la brasserie, avec la liqueur de groseille de son ami pharmacien, et peut-être avec les faveurs de la serveuse. Ce n’est peut-être pas D’Artagnan, mais il y a bien un héros dans cette histoire… Ensuite, l’intrigue est pourvue de tous les ressorts nécessaires : l’on y