Piste de lecture les mots
- l'autoportrait sartrien : une entreprise de déconstruction et de démystification :
1) l'autobiographie ne pourra pas être pour Sartre la simple énumération objective des événements et des comportements qui ont été enregistré depuis le jour de sa naissance ; une justification ne serait pas seulement fastidieuse, elle serait également trompeuse car elle mettrait sur le même plan des faits qui ont été vécus à des niveaux très différents
2) l'autobiographie sera avant tout le sens que Sartre s'efforcera de donner à ce qui lui est « donné » et consistera dès lors à tenir compte des contradictions qui ont opposé jour après jour ses exigences les plus profondes à la situation même biologique, historique, sociale au sein de laquelle il en a pris conscience et a tenté de l'exprimer
3) l'autobiographie c'est « je » (le narrateur qui raconte ses souvenirs d'enfance) et « moi » (l'enfant Poulou que le narrateur n'est plus) : Sartre est à la fois le producteur et le produit ; il ne peut tenter de faire sienne son enfance que dans la mesure où cette dernière l'a d'abord « fait »
4) l'autobiographie est une entreprise de libération par laquelle Sartre dénonce toute morale constitué comme un produit humain dont les hommes vivants tendent à devenir les produits et qui témoignent de l'impossibilité d'adopter une quelconque attitude d'obédience
Notons la philosophie globalisante de Sartre qui cherche à posséder le monde tout entier par la connaissance ; selon Sartre, ce n'est pas l'enfance d'un homme qui explique ce qu'il est devenu : il ne faut pas envisager l'enfance comme un état, mais comme un libre choix singulier, le projet fondamental par lequel le sujet donne librement du sens à la fois à sa situation et à ses comportements.
Ce projet autobiographique se heurte pourtant à des obstacles ; le « moi » se dérobe à soi par l'oubli, le mensonge, la mauvaise foi ; c'est pourquoi le Sartre narrateur de son enfance se trouve dans le refus de