Place de la nourriture dans l'odyssée
A) La satisfaction de la faim
Aristote, dans son traité de l'âme, définissait le désir comme « l'appétit de l'agréable ». En effet, la faim fait partie des désirs, mais c'est seulement lorsqu'elle est satisfaite que se distingue l'agréable. De façon récurrente, l'Odyssée met en avant le plaisir de manger, et de déguster des mets savoureux. C'est ainsi qu'au chant I, « [les prétendants] tendirent les mains vers les plats qu'on avait servis. /Lorsqu'on eut apaisé la soif et l'appétit, /les prétendants ne furent plus préoccupés que de danse et de chant » (I, v.149-151). Manger est donc un plaisir de tous les jours auquel les Hommes s'adonnent. Au chant III, de la même manière, se met en place un grand festin lorsque Télémaque arrive à Pylos. Ce festin est aussi l'occasion de sacrifier un bœuf aux dieux : « Lorsqu'ils eurent prié et répandu les orges, /aussitôt, l'ardent fils de Nestor, Thrasymède, /s'avança et frappa » (III, v.447-449). De facto, le sacrifice sanglant de victimes animales est un acte essentiel de la piété chez Homère. Il en existait d'innombrables variétés, codifiées avec soin. Celui qu'accomplit Nestor est en tout point un sacrifice parfait : le sacrifice a d'ailleurs toujours lieu en plein air. On retrouve enfin cette satisfaction de la faim lorsqu'Ulysse atteint le pays des Phéaciens et est accueilli remarquablement par tout ses habitants dont son chef, Alcinoos : « Et tous étendirent les mains vers les mets placés devant eux [et assouvirent] leur faim et leur soif » (VIII). La nourriture proprement humaine est donc vectrice de convivialité, et permet la satisfaction de la faim. Seulement, n'est-elle pas aussi un moyen d'accueillir un hôte en lui montrant un profond respect ?
B) La nourriture, une marque de respect envers les hôtes
Que ce soit Télémaque, ou Ulysse et ses compagnons, tous sont amenés à être hébergés. Chaque accueil amène l'accueillant à offrir des mets