Monsieur le Président, mesdames et messieurs les jurés, je vous prierais de bien vouloir attentivement m'écouter quelques instants car je souhaiterais dénoncer l'abominable injustice qui a lieu icimême : dans ce tribunal. Je préciserais d'abord que mon discours n'a pour intention que de porter un éclairage sur la vérité tout en dénonçant la manipulation effectuée par le procureur ici présent. Sivous me le permettez, j’aimerais commencer par traiter des circonstances atténuantes dont monsieur Meursault doit bénéficier. C’était un après midi d’une chaleur étouffante, la plage était inondée delumière et aveuglait mon client lorsqu’un individu surgit devant lui, un couteau à la main. Quelle réaction serait plus rationnelle que de sortir son arme pour pouvoir se défendre en cas d’attaque ?Aucune. Le soleil frappant, l'aveuglement et un miroitement sur la lame du couteau le poussa à accomplir cet acte honteux. Ce n’était en aucun cas un choix personnel ou prémédité. Je déclarerais doncque c’est un déplorable accident. Maintenant, je désirerais aborder l’exécrable façon dont le procureur essaye de vous manipuler à des fins personnelles. Son réquisitoire, aussi admirable soit-il, estintégralement subjectif, toute son argumentation est fondée sur des préjugés accablant mon client. Je ne peux accepter qu’il utilise un langage soutenu et des raisonnements plus que contestables telsque la comparaison avec le parricide jugé demain pour influencer le verdict. De plus, je le vous demande : comment ce procureur ose-t-il prétendre connaître le ressenti de mon client alors qu’il ne lelaisse même pas s’exprimer aujourd’hui, devant cette cour ? Comment ose-t-il poser un jugement sur l’âme de mon client alors que lui même abuse de son pouvoir et de son langage pour sacrifier la vied’un honnête homme ? Comment ose-t-il encore se regarder dans le miroir après de tels actes de sournoiserie et de cruauté ? Est-ce le comportement attendu d’un magistrat digne de ce nom ?