Plaidoyer Affaire Romand
Tout d'abord, Jean-Claude Romand jouit d'une grande solitude dès l'enfance qui ne fera que s'accentuer tout au long de sa vie pour atteindre un somment vertigineux.
C'était un enfant doté d'une discrétion naturelle, il était réservé. Son seul confident était son chien à qui il confiait toutes ses souffrances cachées à ses parents.
Cela témoigne de son manque de confiance en soi et sa peur de se confier au risque de décevoir les autres. Il aurait dû apprendre à parler mais il n'a pas appris.
Son éducation mettait un point d'honneur à toujours dire la vérité et l'a mené à une réaction de non-dire pour ne pas mentir. Ce mécanisme d'auto-défense créa une conception brumeuse de la vérité dans son esprit.
Par la suite, cet homme qui craignait l'échec s'est engouffré dans un labyrinthe de mensonges quand il ne réussit pas à avouer son échec aux examens. Sa succession d'impostures de succès le mena au simulacre de médecin à l'OMS. Dans sa famille, il était considéré comme celui qui a réussi et Romand avait besoin d'être rassuré par la reconnaissance d'autrui.
Il semblait tellement modeste, droit et intelligent qu'une sorte de réussite factice gravitait autour de lui, l'aidait et l’encourageait à persister dans sa situation devenant de plus en plus irréversible au fur et à mesure qu'il continuait à cacher la vérité.
Aussi invraisemblable que cela paraisse, personne en vingt ans n'a eu le moindre soupçon sur son identité ce qui jour après jour l'enfonça plus profondément dans la solitude, dans la gravité de sa situation et dans la difficulté à révéler la réalité. Au point de ne trouver comme seule issue que la mort.