Il est difficile de concevoir le bonheur sans le plaisir. Une vie sans plaisir serait ennuyeuse. On fait bien souvent du bonheur un état de satisfaction durable, de plénitude absolue. Autrement dit, le bonheur est une perfection. Mais un tel état suppose tous nos désirs satisfaits. Or le plaisir est l’aboutissement du désir. Peut-on sans se contredire parler d’un plaisir constant ? Pour Jankélévitch, la vie serait ennuyeuse si la perfection qu’on atteint parfois pouvait durer. Un bonheur trop heureux, nous dit-il, se renverserait. Il se renverserait parce qu’il tournerait à l’ennui et au radotage. Comme le solstice ne dure qu’un jour, écrit Jankélévitch, le bonheur ou la joie ne dure qu’un temps. [Retour au sujet] Une vie sans plaisir serait bel et bien ennuyeuse et la « mélancolie du bonheur », c’est-à-dire la certitude que le bonheur ne dure jamais, est tout aussi triste qu’essentielle. [Argument N°2] Cela dit, le bonheur consiste moins à poursuivre ce qui nous fait plaisir que le plaisir à nous procurer du bonheur. [Illustration(s)] Ainsi le plaisir qu’on éprouve à lire un bon livre, à passer du temps en famille, à cuisiner, à se promener ou à rêver contribue au bien-être et par extension au bonheur. Mais quand je prends plaisir à faire quelque chose, je me pose rarement la question de savoir si cette activité contribue à mon bonheur. Si j’éprouve du plaisir à jardiner, par exemple, je ne le fais pas pour être heureux mais je suis heureux quand je le fais. Autrement dit, ce n’est pas une activité que je poursuis délibérément en vue du bonheur. Le bonheur n’est pas tant l’objectif que le résultat. [Retour au sujet] Le bonheur consiste donc moins à poursuivre ce qui nous fait plaisir que le plaisir à nous procurer du bonheur. [Argument N°3] On peut dire que le plaisir contient en lui-même sa propre finalité. [Illustration(s)] Quand on éprouve du plaisir à faire quelque chose, on va sans doute reproduire cette activité mais on la reproduit d’abord pour le plaisir