plan détaillé
Une cour du palais du Duc.
Le duc Alexandre sur une terrasse ; des pages exercent des chevaux dans la cour. Entrent Valori et sire Maurice.
LE DUC, à Valori. Votre Eminence a-t-elle reçu ce matin des nouvelles de la cour de Rome ?
VALORI. Paul III envoie mille bénédictions à votre Altesse et fait les voeux les plus ardents pour sa prospérité.
LE DUC. Rien que des voeux, Valori ?
VALORI. Sa Sainteté Craint que le duc ne se crée de nouveaux dangers par trop d'indulgence. Le peuple est mal habitué à la domination absolue ; et César, à son dernier voyage, en a dit autant, je crois, à votre Altesse.
LE DUC. Voilà, pardieu, un beau cheval, sire Maurice ! hé ! quelle croupe de diable !
SIRE MAURICE. Superbe, Altesse.
LE DUC. Ainsi, monsieur le commissaire apostolique, il y a encore quelques mauvaises branches à élaguer. César et le pape ont fait de moi un roi ; mais, par Bacchus, ils m'ont mis dans la main une espèce de sceptre qui sent la hache d'une lieue. Allons, voyons, valori, qu'est-ce que c'est ?
VALORI. je suis un prêtre, Altesse ; si les paroles que mon devoir me force à vous rapporter fidèlement doivent être interprétées d'une manière aussi sévère, mon coeur me défend d'y ajouter un mot.
LE DUC. Oui, oui, je vous connais pour un brave. Vous êtes, pardieu, le seul prêtre honnête homme que j'aie vu de ma vie.
VALORI. Monseigneur, l'honnêteté ne se perd ni ne se gagne sous aucun habit, et parmi les hommes il y a plus de bons que de méchants.
LE DUC. Ainsi Donc, point d'explications ?
SIRE MAURICE. Voulez-vous que je parle, monseigneur ? tout est facile à expliquer.
LE DUC. Eh bien ?
SIRE MAURICE. Les désordres de la cour irritent le pape.
LE DUC. Que dits-tu là, toi ?
SIRE MAURICE. J'ai dit les désordres de la cour, Altesse ; les actions du duc n'ont d'autre juge que lui-même. C'est Lorenzo de Médicis que le pape réclame comme transfuge de sa justice.
LE DUC. De sa justice ? Il n'a jamais