Correction DS°1 Pauline le Sam 23 Oct - 22:40
Deux grandes conceptions se partagent le champ de la poétique. Pour penser son art, le poète peut se définir comme un inspiré qui écrit sous la dictée d’un Dieu (en allemand, dichten et Gedicht). Mais le poète peut aussi bien se voir comme un artisan, homo faber qui travaille, agence et informe une matière spécifique, celle des mots, du langage : l’étymologie grecque met d’ailleurs en valeur cet aspect de fabrication et le poète apparaît alors comme l’homme du poiein, du faire.
C’est résolument à cette deuxième conception que se rattache Francis Ponge lorsqu’il définit dans une note de 1954 : « à partir du moment …. Ces jeux ? ». La formule, on le voit, est ouvertement démystificatrice. Loin du rêveur sacré hugolien ou même du voleur de feu rimbaldien, le poète se présente humblement comme un joueur uni à son lecteur par une relation marchande : à la manière du saltimbanque, il vend du plaisir. Mais cette désacralisation apparente de la figure du poète ne doit pas nous leurrer. Elle va de paire avec une très haute ambition que Ponge exprime sous forme incidente : « par ailleurs, c’est …. Théories, etc.… » . Ponge défend l’idée d’une poésie, et par delà d’une littérature, qui place le signifiant au cœur de ses préoccupations. Au lieu de faire porter l’accent sur ce que l’écrivain a à dire (affects, pensées, visions du monde,…), il choisit d’insister sur ce que les mots eux-mêmes ont à dire. Paradoxalement, il ne s’agit pas d’enfermer la littérature dans une conception autotélique mais de permettre à l’homme de renouer avec le monde comme si de la redéfinition du rapport que l’homme entretient avec le monde dépendait la réinvention d’un rapport plus juste au réel.
• Eloge du matérialisme verbal et d’une forme de cratylisme poétique
• Rendre le rapport de l’homme au monde
• Sortir du manège ou en recréer un tout autre tout aussi illusoire ?

Eloge du matérialisme verbal et d’une forme de cratylisme poétique