Points de suspension
« Ultima Verba ou les silences du tropisme » Marie Auclair
Protée, vol. 28, n° 2, 2000, p. 79-90.
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Document téléchargé le 1 March 2010
ULTIMA VERBA OU LES SILENCES DU TROPISME
ULTIMA VERBA
M ARIE A UCLAIR
Il y avait un grand vide sous cette chaleur, un silence, tout semblait en suspens ; on entendait seulement, agressif, strident, le grincement d’une chaise traînée sur le carreau, le claquement d’une porte. C’était dans cette chaleur, dans ce silence – un froid soudain, un déchirement. Et elle restait sans bouger sur le bord de son lit, occupant le plus petit espace possible, tendue, comme attendant que quelque chose éclate, s’abatte sur elle dans ce silence menaçant. 1
Parle-t-on, écrit-on, vit-on pour faire contrecoup à cette implosion de la chaleur du silence ? Si la parole perdue est toujours envisagée comme faculté potentiellement récupérable, même artificiellement, ne subit-on pas la perte du silence dans le regret d’avoir, un jour, commis la faute de prendre la parole ? Car la parole explose, elle se prend, elle, après avoir été donnée par l’autre pour