POLITIQUE ET TRIBALISME
Conférence à l'occasion de "La Campagne Semaines Pascales 2000"
(avril-juin 2000) Par MOUKOKO PRISO
Le thème "Politique et Tribalisme" me semble très complexe, délicat et même risqué pour quiconque veut en parler librement et sans détour. J'ai été sollicité pour en parler avec vous à l'occasion de "La Campagne Semaines Pascales 2000". Si j'ai accepté le risque, c'est pour plusieurs raisons dont la principale pour moi est la suivante : la question du tribalisme est d'une importance capitale dans le Kamerun et dans l'Afrique d'aujourd'hui ; or si nous ne faisons nous-mêmes rien pour affronter et résoudre les problèmes, même les plus difficiles, qui se posent à nous, personne d'autre ne le fera à notre place, et alors, rien ne changera dans nos sociétés. Si ma mémoire est bonne, je crois que c'est Saint Augustin qui a dit quelque part, "celui qui t'a créé sans toi, ne te sauvera pas sans toi". Je veux comprendre dans cette phrase, un appel pour que nous fassions aussi nous mêmes quelque chose pour être sauvés.
Chacun a ses chances dans la vie. Je considère comme une de mes chances, d'être né et d'avoir grandi dans une région du Kamerun dont on serait tenté de dire qu'elle est en quelque sorte prédestinée à vivre des flambées de tribalisme ; car elle est sans doute devenue, en ce siècle finissant, l'une des plus cosmopolites du pays en termes de peuplement : le Mungo. C'est dire que j'ai pu observer très tôt les relations et rapports entre les Kamerunais de diverses ethnies de notre pays. Mai j'ai aussi passé mes années d'adolescent en internat et dans des cités universitaires, ce qui m'a donné la possibilité d'observer de près mes camarades de toutes les ethnies du Kamerun, et de toutes les régions du pays.
Ceci étant, chacun de nous s'en souvient : entre 1985 et 1987, le pays a connu une flambée de crises inter-etniques pratiquement sans précédent. Ces évènements m'ont conduit à engager, en 1987, l'écriture d'une étude publiée par la