La zone euro est confrontée à un écart de croissance persistant avec les Etats-Unis depuis de nombreuses années, et la mobilisation de la politique conjoncturelle semble nettement plus forte outre-Atlantique, tandis que le niveau de vie dans l’Union économique et monétaire (UEM) demeure environ 30% inférieur au niveau américain. Orientés vers la régulation de la demande à court terme, l’impact des instruments monétaire et budgétaire dans la réalisation des objectifs des pouvoirs publics (croissance, emploi, stabilité des prix, équilibre du commerce extérieur) fait l’objet d’une controverse théorique intense dans les débats économiques. Le changement de cap de la politique économique dans les années 80 et la priorité donnée à la lutte contre l’inflation ont durablement influencé le fonctionnement de la zone euro, dont l’architecture s’inspire de la critique théorique des politiques conjoncturelles de relance keynésienne. Les contraintes institutionnelles rendent par ailleurs délicat la mise en œuvre cohérente de la politique monétaire fédérale et des politiques budgétaires des quinze Etats membres de l’UEM (le « policy- mix »). La politique monétaire unique et les politiques budgétaires nationales sont-elles en mesure de réduire le déficit de croissance dans la zone euro ? Après avoir analysé le rôle que pourrait jouer la politique conjoncturelle dans la stimulation de l’activité économique, nous montrerons que les options théoriques et les contraintes institutionnelles propres à la zone euro limitent leur mobilisation.
I. Les leviers conjoncturels seraient de nature à combler une partie du déficit de croissance dans la zone euro.
A. La politique monétaire et les politiques budgétaires constituent des outils privilégiés pour réduire l’insuffisance de la demande.
← Dans le cadre de la théorie keynésienne, l’économie de marché est soumise à des crises qui justifient l’intervention de l’Etat afin de se rapprocher d’une situation de plein emploi (fonction