Je sais qu’on m’accuse de cruauté, de barbarie, ou même de démence. Mais ces accusations sont fausses. Il est vrai que je ne sors pas beaucoup de ma grotte, mais il y a une raison à cela. Quand il m’arrive de m’aventurer hors de ma tanière, les gens me regardent bizarrement, ce cachent, courent, crient, et tous fuient mon regard. A leurs yeux je ne suis qu’un horrible monstre sans sentiments. Mais tout cela est injuste ! On m’accuse d’enlever, torturer et de dévorer les voyageurs égarés passant près de mon antre. Il est vrai qu’il m’arrive d’inviter ces étrangers à passer quelques nuits à l’abri des intempéries dans ma demeure, pour me divertir un peu. Mais sont en bonne santé lorsqu’ils quittent ma maison.
On m’accuse aussi, d’avoir tué de sang froid un berger… Il est vrai que je l’ai abattu mais j’avais de bonnes raisons de le faire. Étant tombé sous le charme de la nymphe Galatée, je devais la séduire à tout prix. Quand elle m’a appris quelle aimé ce pâtre, la jalousie s’empara de moi. Je n’avais d’autres solutions ! Pour conquérir son cœur, je devais l’éliminer. La décision prise je m’empressai de le retrouver pour ensuite l’assommer à l’aide d’un rocher. Il ne pouvait survivre. Je regrette mon geste malheureux puisque depuis, la nymphe m’en tient rigueur et m’ignore.
On dit également que j’ai menacé de dévorer un étranger appelé Ulysse mais, là aussi, j’avais de bonnes raisons. Il a osé pénétrer sur mes terres sans ma permission. Et en plus de cette intrusion, il est venu à ma rencontre, en menaçant de me tuer. Fou de rage, je l’ai saisi entre mes mains et l’ai enfermé au fond d’un souterrain, dans une de mes plus belles geôles. Quelques jours après, à la fin de mon dîner, pris de fatigue, je me suis assoupi quelque instant.
L’homme saisit le bâtonnet, déverrouilla la porte de la cellule, puis s’avança dans les sinistres couloirs. Il s’approcha du géant endormi, sortit de son fourreau l’épée et la planta dans son unique