Portrait de la rochefoucauld par lui même
On remarque une très grande organisation du texte qui suit une certaine logique, menant de l’aspect général de La Rochefoucauld en passant par sa psychologie et sa manière de raisonner puis revenant à une description plus extérieure des rapports qu’il a avec la société. D’ailleurs la transition entre le portrait physique, très rapide, et intellectuel se fait via une tournure de phrase qui se veut modeste et ponctuée de verbes et adjectifs d’incertitude tels : « je pense ; l’on trouvera ; je croie ; n’est pas fort éloigné ; naïvement… » comme si il laissait au lecteur, ou plutot à l’auditeur, le soin de vérifier par lui-même la véracité des ses propos.
De plus on peut déceler une alternance de passages précis et objectifs dans sa propre description physique : « Je suis d’une taille médiocre .... J’ai le teint brun ... le front élevé et d’une raisonnable grandeur » avec d’autres plus vagues. Ce qui est surprenant puisqu’il s’agit d’éléments aisément vérifiables : le visage, la taille, l’expression, les gestes… qu’il prétend être « empêché à dire », il « ne sait pas trop bien qu’en juger » même après s’être « regardé dans le miroir pour savoir ce qui en est ».
D’autre part, alors qu’on peut s’attendre à une certaine retenue et à des imprécisions volontaires dans les domaines du portrait intellectuel et du comportement, La Rochefoucauld semble au contraire affirmatif et sûr de lui sur ces deux points. De fait lorsqu’il décrit ses passions, il le fait sans hésitation et avec précision. Ainsi, après une considération générale “J’ai toutes les passions assez douces et assez réglées”, il examine quelques passions l’une après l’autre,