Portrait
Sous la lueur d’un projecteur, Eric de Goussencourt est déjà en train d’exhaler des ¬volutes de fumée. Alors qu’on lui demande de prendre à son tour la pose pour la photo avec une cigarette électronique dans la main, Karin Warin, son associée, décline poli¬ment : «Contrairement à Eric, je n’ai jamais fumé de ma vie. Et même si l’e-cigarette ne contient ¬aucun des agents toxiques du tabac, sauf si on la charge en nicotine, très peu pour moi…» Les accros au tabac, eux, n’ont pas hésité à franchir le pas : 500.000 Français au bas mot sont adeptes de la «vaporette». Un nouveau business aux allures d’eldorado, qui pèse déjà l’équivalent de 1% du marché du tabac aux Etats-Unis et en France, et pourrait rapporter dix fois plus en 2017 selon les experts.
Moins nocif qu’un clou de cercueil. Karin Warin et Eric de Goussencourt, fondateurs de la marque Clopinette, ne s’y sont pas trompés. Ils ont vite compris que leur business était promis à un bel avenir. Face aux hausses répétées du prix des paquets de cigarettes, l’objet permet en effet aux fumeurs de diviser leurs frais par dix. Une fois le mécanisme amorti (il coûte entre 45 et 90 euros selon les modèles), le budget d’un fumeur moyen descend de 200 à 25 euros par mois. Et même si aucune étude n’a encore prouvé la nocivité du produit inhalé, le professeur Bertrand Dautzenberg, pneumologue et président de l’Office français de prévention du tabagisme, a remis un rapport au ministère de la Santé stipulant sa moindre dangerosité comparé aux cigarettes… que Serge Gainsbourg appelait les "clous de cercueil".
100 points de vente en ligne de mire. C’est donc à marche forcée que les deux associés ont occupé le créneau. Sans re-pren¬dre leur souffle un instant : depuis leur