Pour apprécier un roman, un lecteur a-t-il besoin de s’identifier au personnage principal et de partager ses sentiments ?
Le courant réaliste existe depuis le XIXème siècle et se développe par les plus grands auteurs comme Emile Zola, Gustave Flaubert ou encore Guy de Maupassant. Tous se consacreront au roman, genre jusqu'alors négligé et mineur car il autorise toutes les libertés formelles. Il deviendra le genre parfait pour essayer de rapprocher le plus possible leur personnage de fiction à la réalité. Les histoires réelles sont privilégiées, les personnages ont des sentiments vraisemblables et le milieu ainsi que le physique des personnages sont évoqués avec minutie et objectivité. L’univers romanesque et les personnages représentés offrent une réflexion sur l’homme. Le héros du romancier est plus « accessible » par sa normalité, sa vie et les sentiments qu’il éprouve, qui pourraient ressembler à ceux du lecteur. Il est souvent celui qui retient le plus l’attention car il participe au déroulement de l’action et de l’histoire. Mais un lecteur a-t-il besoin de s'identifier au personnage principal et de partager ses sentiments pour apprécier un roman ? Dans un premier temps, le lecteur est plus captivé par un roman quand le personnage principal se rattache à celui-ci, bien qu’il ne puisse pas être le reflet exact de l'individu. On peut alors penser que le romancier veut que le lecteur puisse s'identifier à son personnage. Cependant, le lecteur peut résister à cette tentation grâce à une volonté de l’auteur qui refuse toute identification qui pourrait nouer le pacte de lecture.
Tout d’abord, le roman doit présenter des êtres exceptionnels, dont le comportement témoigne d’une volonté morale. On peut envisager qu’une telle attitude soit parfaitement naturelle chez eux, ou qu’elle témoigne d’un effort de leur volonté. Le personnage idéal dans un roman est le reflet des désirs du lecteur. Dans la Peste (1947) de Camus, l’auteur offre une