pour une philosophie de l'environnement
D’une part, tout ce qui nous entoure, de l’usine au bosquet sauvage abandonné entre les champs d’une plaine céréalière, porte la marque d’une activité humaine, d’une intervention de la technique. Comment distinguer le naturel de l’artificiel ? Les traces de cette artificialisation sont devenues indiscernables. D’autre part, si la technique introduit des choses que la nature n’aurait pas produites elle-même, objets de nos innovations, ce quelque chose de nouveau apporte avec lui la nouveauté de son propre avenir naturel. La nature, en un sens, est enrichie par tout ce que la technique met en circulation dans le monde. […]
Combien d’objets, de produits, ou de sous-produits, échappent à notre maintenance ?
Objets dont nous nous débarrassons et qui sont ainsi mis en circulation dans la nature.
Déchets et détritus, épave de matériel, gaz d’échappement de voitures, sel répandu sur les routes pour faire fondre le verglas, nitrates en excédent, pesticides, fumées d’usines, oxyde de carbone… Tous ces produits ont un avenir naturel, un avenir que nous ne maîtrisons pas. […] Autant d’objets produits et d’effluents dont nous ne contrôlons pas les tribulations naturelles. En un mot : « nos œuvres nous quittent ».
C. et R. Larrère, Pour une philosophie de l’environnement
Il y a dans la technique une tendance profonde à se constituer en milieu autarcique, isolé du reste de l'univers (et que balance une tendance également puissante à la prolifération, à l'extension et à l'assimilation de ce qui l'entoure). […] L'autarcie technocosmique culmine dans les réalisations et les projets de voyages spatiaux […]. Ce n'est pas sans raison que l'imaginaire associé à la technoscience hante de préférence l'espace cosmique
(et le futur) comme si le