Pourquoi le dialogue conduit-il vers la vérité?
Au XXème siècle, Adolf Hitler, Mussolini ou encore Staline ont pratiqué une parole qui ne vise qu’à convaincre ou à séduire et qui n’est destinée qu’à être écoutée. Il suffit de repenser à la manière avec laquelle un peuple civilisé a exécuté la Solution finale pour comprendre comment une idéologie amplifiée par une parole vouée à être écoutée, sans pouvoir être débattue, a pu engendrer le chaos du siècle dernier.
Nul doute pour Jean Louis Chrétien que toute parole est une promesse de sens. Celui-ci écrit ainsi dans l’Arche de la parole : « une parole qui ne viserait que l’écoute est une parole de captation : elle enjoint, elle ordonne, elle séduit, elle charme, elle agit de bien d’autres façons encore, ou du moins elle cherche à le faire, mais elle s’excepte et se retire du dialogue de vérité ou en vérité. Parler, c’est d’abord dire, articuler en un sens selon lequel nous pouvons exister ensemble dans le monde …». En somme, la parole n’est elle destinée qu’à être écoutée ou lui est-il assigné une vocation plus forte qui consisterait à dépasser l’intersubjectivité pour vivre ensemble à travers un dialogue « de vérité ou en vérité ».
Si la parole demeure un outil de vérité, le philosophe n’en attire pas moins l’attention sur la finalité de l’acte de parole qui ne saurait, nous dit-il, se réduire à la seule écoute. En effet, il semble mettre en garde le lecteur contre la « parole de captation ». Ce terme est sans aucun doute péjoratif et synonyme de subtilisation, de tromperie. Derrière cette expression se cache l’idée d’une prise de pouvoir par les mots. Le philosophe explique que la parole qui n’a pour seule vocation que l’écoute ne peut que séduire, charmer, manipuler et s’écarte indéniablement de toute vérité.
En cela, le Phèdre de Platon illustre parfaitement la dialectique du philosophe. L’œuvre de Platon transmet l’enseignement de Socrate à propos de l’art du discours et la manière de bien parler.
Mais ce qui intéresse JL Chrétien, c’est de