Pourquoi selon vous est-il impératif de préserver de l'oubli les souvenirs de la jeunesse?
Tout le monde s'accorde à dire que les premières décennies de l'existence sont les plus peuplées d'événements marquants et d'émotions. Elles constituent avec leurs conquêtes et leurs désillusions le volet majeur de notre histoire. Ainsi, le premier jour d'école, le premier entretien d'embauche, les réprimandes et les caresses, le premier émoi puis le premier chagrin d'amour, les éclats de rire et les pleurs sur l'oreiller sont autant de souvenirs communs à tous les hommes et dont la perte ferait entrevoir, à ceux qui les ont laissés fuir, le gouffre affreux du néant. Le nombre croissant des patients qui recourent à la psychanalyse ou à l'hypnose dans l'espoir d'exhumer la ou les pièces manquantes à leur passé en donne un patent exemple. Par ailleurs, la jeunesse est si fugace, si prompte à s'achever qu'il convient de la préserver du temps. Car ce dernier ne manquera pas, si on ne fait rien, de les émousser pour n'en garder que des images floues et des sensations imprécises."Les heures fuient et m'entraînent" se plaint Chateaubriand, impuissant devant la fuite irréversible du temps. Partant de ce fait,