Pouvons-nous avoir confiance en l'autorité d'autrui sans tomber dans le préjugé ?
L’être humain naît ignorant : il a ainsi besoin d’être éduqué, c’est-à-dire d’apprendre à agir correctement, et à connaître le monde dans lequel il vit. Cela lui impose, pendant l’enfance, d’avoir confiance en l’autorité d’autrui (ses éducateurs, instituteurs), puis toute sa vie dans d’autres personnes disposant de compétences qu’il n’a pas (médecin, juriste, etc.) ; cette confiance est aussi requise tout au long de l’existence à propos de ce qu’il ignore. Mais de cette manière n’est-il pas inévitable qu’il adhère à des représentations qu’il croit évaluées sans les avoir évaluées lui-même ? Peut-on avoir confiance en l’autorité d’autrui sans tomber dans le préjugé ? Interroger la confiance en une autorité et ses conséquences, c’est à la fois interroger un sentiment (la confiance) et une relation de commandement et d’obéissance (l’autorité) entre soi-même et autrui. Autrui, du fait de ses compétences, disposerait du pouvoir d’obtenir un certain comportement (adhérer à ce qu’il affirme comme étant vrai) d’une autre personne (moi-même), sans exercer de contrainte. Ses compétences seraient le principe de son autorité et la justification de ma confiance en lui, ce sentiment de sécurité qui m’amènerait à me fier à lui. Une telle confiance est-elle toujours légitime ? On peut en effet l’éprouver à mauvais escient en accordant des compétences à qui n’en a pas. Et on peut l’accorder alors qu’il incombe à chacun de travailler pour acquérir de telles compétences et connaître par lui-même. Peut-on avoir l’assurance de la compétence d’autrui et être certain de la valeur de ce à quoi on adhère ou bien y a-t-il des domaines dans lesquelles on est obligé d’accorder sa confiance sans garantie quant à la valeur de ce à quoi l’on adhère ?
Il faut distinguer les domaines dans lesquels l’autorité d’autrui s’impose et ceux dans lesquels elle n’a pas sa place. En effet, ainsi que Kant