Pouvons nous nier nos désirs?
Le désir, paradoxal car étant un constat d'un manque et en même temps une tension vers un objet qui est susceptible de le combler, a une place prépondérante dans l'interrogation philosophique. En effet, en philosophie, le désir apparaît comme une opposition de la raison à ses exigences : le désir est souvent condamné au nom de la raison. Il serait nécessaire, pour être heureux, de conformer nos désirs à la réalité et l'absence de désir serait le seul désir légitime. Le désir est alors partie intégrante de notre être.
Admettons que le désir est essence de l'homme, avons nous la capacité d'accepter l'absence de désir ? Pouvons nous nier nos désirs ? Le désir nous est il indispensable ?
Le désir se distingue du besoin. En effet on oppose généralement le besoin et le désir : le besoin serait un manque dont la satisfaction est nécessaire à la vie tandis que le besoin serait contingent, c'est à dire qu'on pourrait ne pas le satisfaire. Manger est un besoin, pour la survie, non pas manger par envie, par satisfaction, par désir. Le besoin est alors un manque objectif alors que le désir est subjectif. Pourtant si le désir n’était que cette vaste satisfaction du besoin, les hommes n’éprouveraient alors aucun désir d’objets dont ils n’ont pas besoin, or c’est semble-t-il propre au désir.
Peut-être que le désir peut se définir comme le besoin de désirer. Mais avoir besoin de désirer n’a alors plus rien à voir avec désirer ce dont on a besoin.
Il y a des désirs naturels et nécessaires comme manger et boire qu'il convient de satisfaire. Mais aussi des désirs naturels mais non nécessaires comme le désir des plaisirs de l'amour, que l'on peut éventuellement satisfaire. Il y a enfin des désirs ni naturels ni nécessaires comme le désir d'immortalité, de richesse ou de gloire, des désirs vains pour Épicure, parce qu'ils naissent d'opinions vides et apportent plus de douleurs que de plaisirs. Selon lui, la variation de tels plaisirs