Poème de fréchette
Quand il est quelque part un peuple à secourir ;
Qui donc à l’horizon voyez-vous accourir ?
À genoux, opprimés ! c’est la France qui passe !
Sans espoir et sans Dieu l’enfant de la forêt
Traîne-t-il sa misère à l’autre bout du monde,
Qui donc va lui verser la lumière féconde ?
Nations, saluez ! car la France apparaît !
De l’immense avenir resplendissante aurore,
Pour vous joindre en faisceau, peuples de l’univers,
Faut-il percer les monts ou rapprocher les mers,
Paladin du progrès, la France arrive encore !
Faut-il protéger l’humble, écraser Attila,
Relever qui succombe, abaisser qui s’élève,
Vaincre et civiliser par le livre ou le glaive,
Vaillant soldat du droit, la France est toujours là !
La France est toujours là ! Même au jour des naufrages,
Comme un phare sublime aux rayons éclatants,
Elle se dresse au bord des abîmes du temps,
De son flambeau superbe illuminant les âges.
La France est toujours là ! Semeur des jours nouveaux,
Elle va prodiguant la divine semence,
Laissant par derrière elle une traînée immense
D’exemples immortels et d’immortels travaux.
Nobles rives du Rhône, et vous, bords de la Loire,
Tolbiac, Marignan, Cérisoles, Rocroy,
Denain, Ivey, Coutras, Bouvines, Fontenoy,
Dites-nous si le monde a connu plus de gloire !
Et vous, ô Friedland, Ulm, Austerlitz, Eylau,
Lodi, Wagram, orgueil du drapeau tricolore,
Vous qui, malgré Sedan, éblouissez encore,
Dites-nous si l’histoire offre un plus fier tableau !
France, recueille-toi ! France, l’heure est sacrée !
L’humanité n’est plus la lourde barque ancrée
Où les marins, croyant leurs labeurs achevés,
S’endormaient au soleil ou chantaient aux étoiles :
Désormais le vaisseau navigue à pleines voiles
Vers les grands horizons rêvés.
Timorés, faites place ! en arrière les lâches !
Voici pour les vaillants le jour des fières tâches.
Le dix-neuvième siècle est un vaste tournant
Où, presque épouvantés des