Poésie
Textes :
Texte A - Victor Hugo, Les Contemplations (1856), « Aujourd'hui », IV, 4, « Oh ! je fus comme fou dans le premier moment » (poème du 4 septembre 1852)
Texte B - Joachim Du Bellay, Les Regrets (1558), XLVIII
Texte C - Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou (1959), « Faction », dans une lettre datée de Nîmes, le 25 mars 1915.
Texte D - Claude Roy, A la lisière du temps (1984), « Matinée de printemps, Souvenir de mai 1982 »
Texte A - Victor Hugo, Les Contemplations (1856), « Aujourd'hui », IV, 4
[Le recueil des Contemplations, publié en 1856, est composé de deux parties. La seconde, « Aujourd'hui », rassemble les poèmes écrits par Victor Hugo après la mort de sa fille Léopoldine, le 4 septembre 1843.]
Oh ! je fus comme fou dans le premier moment,
Hélas ! et je pleurai trois jours amèrement.
Vous tous à qui Dieu prit votre chère espérance,
Pères, mères, dont l'âme a souffert ma souffrance,
Tout ce que j'éprouvais, l'avez-vous éprouvé ?
Je voulais me briser le front sur le pavé;
Puis je me révoltais, et, par moments, terrible,
Je fixais mes regards sur cette chose horrible,
Et je n'y croyais pas, et je m'écriais : Non !
− Est-ce que Dieu permet de ces malheurs sans nom
Qui font que dans le cœur le désespoir se lève ? −
Il me semblait que tout n'était qu'un affreux rêve,
Qu'elle ne pouvait pas m'avoir ainsi quitté,
Que je l'entendais rire en la chambre à côté,
Que c'était impossible enfin qu'elle fût morte,
Et que j'allais la voir entrer par cette porte !
Oh ! que de fois j'ai dit : silence ! elle a parlé !
Tenez ! voici le bruit de sa main sur la clé !
Attendez ! elle vient ! laissez-moi, que j'écoute !
Car elle est quelque part dans la maison sans doute !
Jersey, Marine-Terrace, 4 septembre 1852.
Texte B - Joachim Du Bellay, Les Regrets (1558), XLVIII
Ô combien est heureux qui n'est contraint de feindre,
Ce que la vérité le contraint de penser,
Et à qui le respect d'un qu'on n'ose offenser1
Ne peut