Poésie
Ce poème, extrait du recueil Les Fleurs du Mal écrit par Charles Baudelaire (1821-1867), personnifie la Lune pleine de chagrin.
Tristesses de la lune
Ce soir, la lune rêve avec plus de paresse ;Ainsi qu'une beauté, sur de nombreux coussins,Qui d'une main distraite et légère caresseAvant de s'endormir le contour de ses seins,Sur le dos satiné des molles avalanches,Mourante, elle se livre aux longues pâmoisons,Et promène ses yeux sur les visions blanchesQui montent dans l'azur comme des floraisons.Quand parfois sur ce globe, en sa langueur oisive,Elle laisse filer une larme furtive,Un poète pieux, ennemi du sommeil,Dans le creux de sa main prend cette larme pâle,Aux reflets irisés comme un fragment d'opale,Et la met dans son coeur loin des yeux du soleil.
2.
Clair de lune
La lune était sereine et jouait sur les flots. -La fenêtre enfin libre est ouverte à la brise,La sultane regarde, et la mer qui se brise,Là-bas, d'un flot d'argent brode les noirs îlots.De ses doigts en vibrant s'échappe la guitare.Elle écoute... Un bruit sourd frappe les sourds échos.Est-ce un lourd vaisseau turc qui vient des eaux de Cos,Battant l'archipel grec de sa rame tartare ?Sont-ce des cormorans qui plongent tour à tour,Et coupent l'eau, qui roule en perles sur leur aile ?Est-ce un djinn qui là-haut siffle d'une voix grêle,Et jette dans la mer les créneaux de la tour ?Qui trouble ainsi les flots près du sérail des femmes ? -Ni le noir cormoran, sur la vague bercé,Ni les pierres du mur, ni le bruit cadencéDu lourd vaisseau, rampant sur l'onde avec des rames.Ce sont des sacs pesants, d'où partent des sanglots.On verrait, en sondant la mer qui les promène,Se mouvoir dans leurs flancs comme une forme humaine... -La lune était sereine et jouait sur les flots.
Clair de lune
Votre âme est un paysage choisiQue vont charmant masques et bergamasquesJouant du luth et dansant et quasi Tristes sous leurs déguisements fantasques.Tout en chantant sur le mode mineurL'amour vainqueur