Poésie
Les quatres textes sont des arts poétiques qui illustrent des moments forts dans l'évolution de la poésie : Boileau énonce quelques-uns des principes du classicisme, Hugo rappelle la révolution romantique contre le classicisme, Rimbaud prophétise ce que sera la poésie « universelle » et Cendrars revendique une liberté poétique totale.
Sans modalisation et par une succession d'impératifs assertifs, Boileau edicte les règles impératives qu'un auteur classique doit suivre pour faire œuvre de poète. Il ne s'intéresse pas à la sensibilité du poète ni aux thèmes de l'inspiration poétique: ce sont des conseils d'ordre formel. Il souligne l'importance du travail en rappelant qu'il faut « vingt fois sur le métier » remettre son ouvrage, pour tenir en laisse une inspiration à priori suspecte et mauvaise conseillère. Il refuse le style « ampoulé » et recherche la simplicité. La poésie est en conformité avec l'ordre établi.
Dans sa « Réponse à un acte d'accusation » Hugo ne se place pas sur un plan technique comme Boileau ; il évoque l'audace et l'ardeur de ses engagements contre les contraintes imposées sur le classicisme. A première vue, sa contestation ne porte que sur la question du vocabulaire : il revendique le droit d'utiliser tous les mots selon ses besoins, pour s'exprimer avec authenticité. Son engagement littéraire se double d'un engagement politique et social : la langue classique est aussi rejetée parce qu'elle est celle d'une classe, d'une caste, celle de l'ancien régime de Versailles. Cependant, par sa couleur, son exubérance, sa fantaisie, son humour, son desordre, le texte est aussi une declaration de guerre contre l'harmonie, la mesure, l'équilibre, la bienséance classiques. Hugo se met en première ligne dans ce combat poétique