Presse et liberté
La France se flatte d’être la « patrie des droits de l’homme » en ce qu’elle a énoncé, en 1789, un modèle politique original qui sert aujourd’hui encore de référence. Cependant, il y a loin de la proclamation à la mise en pratique et elle s’est montrée particulièrement rétive à l’application des principes qu’elle avait énoncés. Avant même l’invention de l’imprimerie, La monarchie a soumis la presse à la censure (c’est-à-dire à autorisation préalable) sous peine de mort. La première Gazette, publiée par Théophraste Renaudot, le fut par privilège royal. Malgré son apparence de publication autonome, elle était probablement souvent directement écrite par le cardinal de Richelieu avec le sens critique qu’il voulait bien qu’on lui applique.
La presse libre ne fit son apparition que lors des États généraux de 1789. Ce fut une floraison de feuilles et de libelles que le pouvoir renonça à réprimer. La première publication libre fut Le Patriote françaisde Jacques-Pierre Brissot. Cependant, l’Assemblée constituante ne fit pas qu’entériner un état de fait en proclamant la liberté d’expression, elle lui donna un contenu philosophique. Le débat ne porta pas sur l’expression politique au sens actuel, qui faisait consensus, mais sur la presse libertine. C’était un genre à la mode qui mêlait provocations pornographiques et réflexion a-dogmatique. Des députés du clergé craignaient que cette presse ne trouble la jeunesse, l’égare des repères de la foi, et ne plonge la société dans la licence et le désordre. Mais la majorité se rangea à l’opinion de Mirabeau (lui-même auteur pornographique) que nul n’était qualifié pour être le censeur des autres.
Cette liberté fut de courte durée. Bien que confirmée par la Constitution de 1791, elle fut