*Expliquer comment notre Moi humain se construit sur la base du désir de reconnaissance et,* donc*,* à travers un processus d’aliénation sans cesse surmonté Nous avons tendance à croire que c’est en grandissant que nous nous développons, que c’est le temps qui nous forme. Alors, il est étrange de concevoir que pour devenir ce que j’aspire être réellement, je dois devenir autre, je dois devenir désir. Effectivement, comme l’expose Hegel, nous nous construisons par notre désir de reconnaissance et, ce, à travers un mécanisme d’aliénation qui sera continuellement surmonté. La construction du Moi est un processus par lequel nous passons de l’homme «animal» à l’homme dit «humain». Au commencement, il y a désir, mais ce désir est biologique, physique. Il est naturel et porte sur un objet qui est, lui aussi, naturel. Le Moi, pour le satisfaire, va faire, va agir. Comme cela se passe pour la faim qui, pour être satisfaite, exige de détruire, de transformer la nourriture, le Moi va supprimer ou transformer l’objet de son désir. Cette action détruit, mais construit en même temps : elle assimile et intériorise le non-Moi extérieur (l’objet naturel) ce qui engendre la construction du Moi. C’est l’action négatrice. Le Moi ainsi créé révèle la chose même. Le Moi est l’objet qui l’a intériorisé et est, alors, naturel. Le Moi n’est donc rien par lui-même, il a besoin de la nature, de son environnement pour exister. C’est ce qu’Hegel appelle le Sentiment de soi. Afin de passer d’un Moi naturel à un Moi conscient, non-naturel, il faut que l’objet de notre désir soit non-naturel, puisque nous sommes ce que nous désirons. Or, la seule chose qui obéisse à cette propriété est le désir lui-même, car il est la manifestation de l’absence de l’objet désiré et est nécessairement autre chose que l’objet, donc la manifestation d’une réalité non-naturelle. Ainsi, le désir pris en tant que désir, créera un Moi, par l’action négatrice et assimilatrice qui le satisfait, essentiellement