EDITO

uarantième anniversaire de Woodstock, dixième édition de « Villes des Musiques du Monde ». Les deux évènements ne sont évidemment pas comparables, mais leur mise en perspective donne à penser : que de bouleversements au cours de ces quarante années ! Le monde a changé. Sans doute est-il trop fasciné et régi par l’argent, le profit, loin des rêves des jeunes de la fin des années soixante… et du bien être de tous ceux d’aujourd’hui. Dans ce monde, notre capital à nous est un héritage, celui de l’éducation populaire, de l’expérience vécue. Ce sont les compétences acquises, un réseau construit patiemment au fil des édition, un capital fragile mais précieux et qui ne fructifie que si on le partage, si on le diffuse… Ce sera notre volonté confirmée dans les semaines qui viennent : faire connaître, partager, confronter notre expérience, étendre et consolider notre réseau, permettre à chacun de comprendre et d’agir pour transformer, même modestement, son rapport aux autres et au monde. Notre souci de rassembler des artistes et des créateurs se matérialise cette année par un foisonnement de rencontres : slam et voix pygmées orchestrés par Camel Zekri, artiste associé et familier du festival, surprenant croisement de tango

Q

et de musique turque porté par Axel Krygier et le Kolektif Istanbul, interaction déroutante du oud électrique de Speed Caravan et du chant profond d’inspiration soufi du tunisien Mounir Troudi. D’autres soirées exceptionnelles : à la Basilique de Saint-Denis, investie par la musique arabo-andalouse de l’ensemble El Mawsili et une « Nuit Sans Frontières » à Saint-Ouen, avec neuf groupes à l’affiche. En résumé, une belle invitation au voyage avec cinq itinéraires, 36 concerts dans 18 villes de la Seine-Saint-Denis et à Paris pour rencontrer, découvrir, imaginer un « ailleurs chez » nous si proche. Et sur des « chemins de traverses » vont se créer, autour des concerts, des moments privilégiés d’échanges et d’apprentissages, au détour d’un