Proust, du côté de chez swan, odette de crécy
Swann, est un homme du monde parisien et un amateur d’art. Il a rencontré Odette de Crécy, une demi-mondaine, chez les Verdurin, des bourgeois enrichis férus d’art, eux aussi, mais snobs. Très amoureux, Swann rend une deuxième visite à Odette. La suite du roman montrera que Swann " perd son temps " avec cette femme. Le " temps perdu " dont il est en effet question dans le titre de l’œuvre À la recherche du Temps perdu, est à la fois le temps passé qu’on ne peut plus rattraper, mais aussi le temps gaspillé en frivolités dans les salons mondains par ex., le temps que l’on gâche pour des femmes qui n’en valent pas la peine. Il n’est pas raisonnable d’aimer des femmes médiocres, car elles nous ôtent le plus souvent notre énergie, et nous empêchent de nous consacrer à un travail véritable. Ainsi, Swann a-t-il engagé une étude sur Vermeer qu’il ne finira jamais... Mais si l’on perd son temps pour une femme, on réalise aussi un apprentissage...
I. Une scène marquante
A. La scène singulative
L’histoire de Swann constitue une analepse de 15 ans dans la structure narrative de Du côté de chez Swann. L’histoire du jeune narrateur fait place à celle de Swann, autre figure de celui qui dit " je ". L’aventure de Swann a été rapportée au narrateur par son grand-père.
Ce passage constitue une scène isolée, qui est relatée selon la fréquence que G. Genette nomme " singulative " : ce qui s’est passé une fois est raconté une fois. Cela est annoncé par le début de l’extrait, " Une seconde visite ", puis par : " En se rendant chez elle ce jour-là ", et enfin par des détails anecdotiques : " Il lui apportait une gravure [....] ", et par les temps grammaticaux : " Elle le reçut ". Même si le récit itératif se mêle discrètement au singulatif au détour de quelques remarques telles que : " comme chaque fois qu’il devait la voir ", il reste vrai qu’il s’agit bien d’une scène fondamentale dans le récit. Elle va donner sa forme et sa signification à la relation