Prudence et juste valeur
prudence contre juSte valeur : leS normeS comptableS françaiSeS et internationaleS
Emmeline Travers (RCE) 1 armi les obligations légales d’une entreprise envers ses investisseurs et le régulateur figure la publication de comptes annuels, permettant de réduire partiellement l’asymétrie d’information* entre managers et actionnaires et de protéger les outsiders, a priori vulnérables. Afin de permettre une transparence aussi forte que possible, très peu de marge est laissée aux entreprises dans la construction de leurs états financiers. Ainsi les normes comptables, qui dans les pays où elles sont reconnues comme référence ont valeur légale, décrivent les règles de base à suivre en matière de construction du bilan ou du compte de résultat. Afin de permettre une homogénéisation des règles comptables au niveau européen, le passage aux normes IFRS (International financial reporting standards), effectif dans l’Union européenne au 1er janvier 2005, a constitué une véritable révolution… Le référentiel comptable français (aujourd’hui conservé par la plupart des sociétés dont aucun titre n’est coté) est en effet fondé sur un principe de prudence absolue ; il constitue davantage un outil d’analyse très cohérent, mais réservé aux initiés (et commode pour communiquer avec le fisc), et plus particulièrement aux insiders, qu’un mode d’évaluation des actifs de l’entreprise. Ainsi un immeuble sur les Champs-Élysées, après vingt ou trente années d’amortissement (mécanisme comptable qui permet de ne pas faire supporter à une seule année le coût d’un investissement susceptible de servir plusieurs années), est-il comptabilisé pour une valeur nulle… Dans ce cadre, si toute réévaluation des actifs à la baisse (hors amortissement) doit être dûment motivée, par exemple en fournissant des éléments confirmant qu’une créance a perdu de sa valeur car le débiteur est sur le point de se déclarer en cessation de paiement, les réévaluations à la hausse, même