Préface sur corps et biens de robert desnos
Si les poèmes de ce recueil paraissent étranges et incompréhensibles à la première lecture, ils sont au contraire pleins de sens, de belles images et de lyrisme. En effet, le lecteur pénètre dans un véritable laboratoire, où il peut tenter de déchiffrer l’univers imaginaire et merveilleux que Desnos nous impose. Refusant toutes les constructions logiques de l’esprit, le surréalisme, mouvement dans lequel Desnos est un des précurseurs, repose sur les valeurs de l’irrationnel, de l’absurde, du rêve, du désir et de la révolte. Tel sont les thèmes de ce recueil au sein duquel on distingue cinq grandes parties. En effet, dans « Le Fard des Argonautes » et « l’Ode à Coco », le poète évoque la cruauté de la guerre tout en ayant recours à l’humour et à un vocabulaire provocateur voire grossier, « les putains de Marseille »… Par ailleurs, « idéal maîtresse », illustre à merveille l’écriture automatique, une des contraintes du surréalisme qui consiste à écrire tous les mots qui passe par la tête du poète sans se soucier ni de l’orthographe ni du sens, parfois même réalisée sous hypnose. Dans ce recueil unique en son genre, Desnos déstructure les schémas de la grammaire traditionnelle et bien qu’il n’utilise pas la rime, pour charmer le lecteur, il joue avec la musicalité et les sonorités en usant des assonances ainsi que des allitérations, « voilà qu'il bat pour le combat et la bataille ».
Ainsi, ce recueil constitue une invitation au voyage surréaliste, dans le monde de Robert Desnos. Original, complexe, puissant et enivrant, voici les qualités de ce livre qui font de celui-ci un véritable chef d’œuvre.
Sophia.