"Préface à dix poèmes" de baudelaire
Préface :
A un ami amoureux de la poésie,
Baudelaire, dandy, passionné, dissipé, homme à scandales, mais, avant et surtout, poète, véritable orfèvre du mot, de la phrase et de la rime. Son œuvre majeure, Les Fleurs du Mal, éditée en 1857, fit scandale dès sa parution. En effet, Baudelaire, profondément marqué par la disparition de son père et le remariage de sa mère, mena une vie agitée dans laquelle s’entremêleront rêves et évasion, voyages et solitude, femmes et amours, thèmes récurrents qui se retrouveront dans ce recueil. Maître dans l’art de créer une atmosphère, il sut traduire avec des vers harmonieux et un style d’une beauté rigoureuse ses angoisses, ses obsessions et ses tourments. Il les décrira dans un désordre apparent tout au long du recueil, ce qui l’amènera à donner à Arsène Houssaye, un de ses éditeurs, des consignes de lecture, une sorte de mode d’emploi. Il ne fallait pas se méprendre, écrira-t-il, sur l’absence de continuité dans ces poèmes. Cette absence d’ordre est volontaire, et il le répètera, dans sa dédicace : « Dans cet ouvrage, tout y est à la fois tête et queue, alternativement et réciproquement. Nous pouvons couper où nous voulons ; moi, ma rêverie, vous, le manuscrit, le lecteur, sa lecture ». C’est ce qui m’amenée (en toute modestie !) à procéder de la même manière pour vous offrir, cher lecteur, dix poèmes. Je les ai choisis parce que je les ai aimés et je souhaite, qu’à votre tour, vous les aimiez. Ce n’est pas une simple sélection de poèmes. Ce sont plutôt les allées d’un jardin anglais que je vous invite à parcourir avec moi. Vous y trouverez toutes sortes de fleurs, fleurs sensuelles de l’amour, de la passion, du rêve, de la mélancolie, du voyage et de l’exotisme. Les trois femmes que Baudelaire a aimées passionnément, Jeanne la sensuelle mulâtresse, Marie la sage, et Apollonie la sainte, seront magnifiées dans plusieurs de ses poèmes, tous d’un lyrisme et d’une sonorité remarquables.