Explication Le Père Goriot, Honoré de Balzac, 1834 Introduction Le père Goriot a déjà été présenté par le narrateur au début du roman qui s’est largement étendu sur son déclin progressif. Par ailleurs, une seconde approche a déjà été effectuée par la voie de la duchesse de Langeais, qui a apporté des précisions sur les relations du père avec ses filles. Ce dernier récit apporte un éclaircissement supplémentaire puisque les informations fournies sont complétées par des explications d’ordre psychologique et sociologique. I/ Le représentant du parfait négociant La compétence professionnelle de Goriot est dûment célébrée dès le début du passage en trois séquences distinctes. En premier lieu, il se distingue par son discernement quant à la matière : « S’agissait-il de blés, de farines, de grenailles, de reconnaître leurs qualités, les provenances, de veiller à leur conservation, de prévoir les cours, de prophétiser l’abondance ou la pénurie des récoltes, de se procurer les céréales à bon marché, de s’en approvisionner en Sicile, en Ukraine, Goriot n’avait pas son second. ». On remarque plusieurs étapes : les pluriels indiquent qu’il y en a plusieurs variétés. Or, la compétence de Goriot est affirmée d’entrée de jeu : « Goriot n’avait pas son second. ». Le second point concerne la gestion, dont le narrateur célèbre le sens : « A lui voir conduire ses affaires, expliquer les lois sur l’exportation, sur l’importation des grains, étudier leur esprit, saisir leurs défauts, un homme l’eût jugé capable d’être ministre d’Etat. ». Il s’agit d’une compétence complète. Le terme « conduire » exprime la maîtrise. Le pluriel est là encore important. On a des termes complémentaires : « exportation » ; « importation ». Il ne s’agit pas seulement d’un résultat. C’est tout le processus qui nécessite du discernement. Goriot dispose d’une maîtrise parfaite. D’autre part, le narrateur remarque ses qualités : « Patient, actif, énergique, constant, rapide dans ses expéditions, il avait un