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LA LIBERTÉ

HISTOIRE VIVANTE

VENDREDI 5 AVRIL 2013

Deux siècles pour bétonner la planète
CONSTRUCTION • Depuis la mise au point du ciment en 1818, le béton s’est progressivement imposé dans tous les secteurs, jusqu’à devenir le matériau No1 de la construction. Son empreinte écologique pose toutefois problème.
PROPOS RECUEILLIS PAR
PASCAL FLEURY

L’architecture commence à expérimenter ces nouvelles plastiques et esthétiques avant la
Première Guerre mondiale, avec par exemple la Halle du centenaire à Wroclaw, construite entre
1911 et 1913 par Max Berg. Après la guerre, Le Corbusier réalise plusieurs villas à Paris. Auguste et Gustave Perret sont parmi les premiers à construire, en 1923, une église en béton brut, près de
Paris: Notre-Dame du Raincy, un édifice avant-gardiste que Le
Corbusier, qui l’admirait beaucoup, qualifiait de «hangar à prière». Une autre église en béton, Saint-Antoine, a été édifiée en 1925 à Bâle par Karl Moser.

Chaque année, un mètre cube de béton est produit par habitant sur la planète.
Deux tiers des constructions mondiales se font avec ce matériau qui avale annuellement plus de 15 milliards de tonnes de sable, au point de faire craindre à certains observateurs la disparition de nos plages d’ici à la fin du siècle. Jusqu’à aujourd’hui, pourtant, l’histoire du béton s’est révélée être une «success story», malgré une empreinte écologique désastreuse.
Les explications de l’architecte et historien d’art Cyrille Simonnet, professeur à l’Université de Genève et auteur d’un ouvrage de référence1 sur l’histoire du béton.
On fait remonter l’invention du béton au XIXe siècle, mais les
Romains savaient déjà le fabriquer, à voir le Panthéon…
Cyrille Simonnet: Le béton romain était un mélange de mortier, de cailloux et d’agrégats, formés de recoupes de tuiles et de briques. Le mortier, c’est de la chaux, c’est-à-dire du calcaire calciné qui, avec de l’eau, forme une pâte permettant de faire tenir