Qu'est-ce que la nation?
Le processus historique de construction de l’Etat est porteur d’un autre phénomène fondamental, qui apparaît dès la monarchie absolue mais va véritablement se déployer au cours du 19ème siècle : l’intrication croissante entre l’Etat et la nation. Affirmation de l’Etat moderne et construction de la nation constituent ainsi deux phénomènes inextricablement liés. Comprendre la structure de l’Etat moderne amène donc à s’interroger sur le fait national. Il faut tout d’abord essayer de définir le concept de nation.
Alors que le sujet de nation fait débat chez les intellectuels/politiques allemands/français, E. Renan réfute la conception ethnographique de l’unité nationale. Il s’oppose aux Allemands qui définissaient la nation selon la race, la langue et la religion. En effet, selon lui "L'homme n'est ni l'esclave de sa race, ni de sa langue, ni de sa religion, ni du cours des fleuves, ni de la direction des chaînes de montagnes." Il propose une conception fondée sur une représentation historique, spirituelle et communautaire où domine le principe d’adhésion volontaire qui marque le désir d’une communauté de citoyens de vivre ensemble. Qu’est-ce qu’une nation selon Renan ? Une nation est la combinaison de deux conditions essentielles une âme (dans le passé) : les individus partagent en commun le même passé (héritage de gloires et de regrets, passé héroïque, passé d’efforts, de sacrifices et de dévouements…). Il se trouve d’ailleurs que la souffrance en commun unit plus que la joie, car les deuils valent mieux que les triomphes : ils imposent des devoirs, ils commandent l’effort en commun. Un principe spirituel (dans le présent et le futur) : consentement actuel, désir de vivre ensemble, volonté de faire valoir l’héritage qu’on a reçus. Il se créé dès lors un culte des ancêtres, une sorte d’idée nationale assise sur le capital social. De la même façon qu’on a des gloires communes dans le passé, on partage une volonté commune dans le