Qu'est-ce que le moi?
Texte :Qu'est-ce que le moi?
Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants, si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir? Non, car il ne pense pas à moi 'en particulier. Mais celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté l'aime-t-il? '1 Non: car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu'il ne l'aimera plus.
Et si on m'aime pour mon jugement, pour ma mémoire, m'aime-t-on moi?
Non, car je puis perdre ces qualités sans me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dans le corps, ni dans l'âme? et comment aimer le corps ou
101 l'âme, sinon pour ces qualités, qui ne sont point ce qui fait le moi, puisqu'elles sont périssables? Car aimerait-on la substance de l'âme d'une personne, abstraitement, et quelques qualités qui y fussent ? Cela ne se peut, et serait injuste. On n'aime donc jamais personne, mais seulement des qualités.
Blaise PASCAL, Pensées (1670) (art. V, §.323, édition GF., p.141).
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Expliquez le texte suivant. La connaissance de la doctrine de l'auteur n'est pas requise. Il faut et il suffit que l'explication rende compte, par la compréhension précise du texte, du problème dont il est question.
Explication :
La problématique d'ensemble que pose ce texte est celle de la définition même du moi (ego), en tant que sujet ou personne. Pascal, qui notera ailleurs que « le moi est haïssable », s'interroge ici sur ce qui peut en constituer l'essence, voire même si cette essence ne serait pas inaccessible à la conscience de soi et du soi des autres. En clair, c'est tout le problème de la subjectivité qui se dresse à nous, quel que soit l'angle par lequel nous essayons de définir ce qu'est notre « personnalité» (notre être personnel propre).
I. En effet, le début du texte envisage le point de vue sur le Je d'un « spectateur» me regardant depuis sa fenêtre (lignes 1-4), je ne suis qu'un passant parmi tous ceux qui traversent son champ de vision tant