Qu'est ce que l'encyclopédie
Engagé depuis plusieurs années dans l'édition de l'Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, avec d'Alembert pour la partie mathématique, Diderot se trouve à la tête d'une colossale entreprise collective. Bilan critique du savoir accumulé et examen des efforts à faire pour rendre les connaissances utiles, l'Encyclopédie ne propose rien de moins qu'une nouvelle manière de penser et de faire penser, débarrassée des préjugés et de la tradition. Diderot, qui accorde une large place aux sciences et aux «arts mécaniques» dans le Dictionnaire, rencontre des artisans pour pouvoir décrire correctement leur métier et faire exécuter des planches représentant les machines et leur utilisation, soumet à la critique de la raison toutes les opinions.
Ainsi forge-t-il un nouvel idéal d'homme, qui s'incarne dans la figure du philosophe, «honnête homme qui agit en tout par la raison, et qui joint à un esprit de réflexion et de justesse les mœurs et les qualités sociables». Homme dans la cité, le philosophe, personnage familier des dialogues de Diderot, récuse l'idée de monarchie de droit divin, et définit les bornes de tout pouvoir. Dans l'article «Autorité politique» de l'Encyclopédie, il écrit: «Aucun homme n'a reçu de la nature le droit de commander les autres. La liberté est un présent du ciel et chaque individu de la même espèce a le droit d'en jouir aussitôt qu'il jouit de la raison.» Réflexions politique, philosophique et scientifique vont de pair dans l'entreprise encyclopédique, si bien qu'elle est violemment attaquée, et son impression suspendue de 1758 à 1765. Mais Diderot continuera l'œuvre, l'un des principaux instruments de diffusion des Lumières. Son ouvrage De l'interprétation de la nature (1753) constitue une réflexion sur les rapports entre science et politique, et un des premiers énoncés de méthode