Qu'est ce qui nous permet de comprendre autrui
Mais cela ne veut pas dire que d’emblée nous comprenons l’autre. Ceux que nous croyons semblables au premier abord se révèlent toujours différents de ce que nous aurions pu penser d’eux. L’expérience d’autrui est familière mais elle nous plonge aussi dans une formidable diversité ; elle nous fait rencontrer la particularité de chacun. Or, pour connaître le plus souvent que faisons nous ? Nous nous servons de catégories toutes faites. Nous disons de Pierre qu’il est « musicien », de Paul que c’est un « dépressif » ou un être « gamin ». Les termes de « musicien » ou de « dépressif » ou « gamin » conviendrait tout aussi bien à un autre que Pierre. Ils ne décrivent pas ce qu’il est, ce qu’il possède en propre ce qui le rend différent de A ou B. Aristote disait qu’il n’y a de connaissance que du général et d’existence que du particulier. Comment parvenons nous à surmonter cet obstacle? Qu’est-ce qui nous permet de comprendre autrui ?
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A. Le statut de l’intersubjectivité
Nous sommes habitués à un schéma de compréhension : nous pensons que comprendre, c’est saisir une idée, ou un concept. Dans l’ordre du savoir, comprendre un phénomène, c’est être en mesure de l’expliquer. Toutefois, comprendre, est-ce vraiment la même chose qu’expliquer ? A l’égard d‘autrui, que signifie le mot comprendre? On dira plus volontiers que l’on comprend quelqu’un et que l’on explique quelque chose. Nous ne pouvons pas dire « expliquer quelqu’un », car le mot expliquer appelle une réponse arrêtée, une « explication » alors que nous savons bien qu’une personne est toujours complexe et que nous ne pouvons pas en faire le tour dans une « explication » toute faite. Dans l’explication, il y a aussi une